La réforme visant la production des emballages plastiques biodégradables au Cameroun a pris deux ans pour être mis en place. A l’heure du passage à la phase répressive, le ministère de l’environnement fait un revirement et penche maintenant pour une production de plastique à épaisseur supérieure à 60 microns. Les producteurs sont confus.

Les pouvoirs publics et les opérateurs de la filière plastique ont passé près de deux ans à mettre en place un cadre en vue de l’interdiction de la production et la commercialisation des emballages plastiques non biodégradables sur l’étendue du territoire nationale. La mesure est contenue dans l’arrêté daté du 24 octobre 2012 et signé conjointement par le ministère de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded) et le ministère du Commerce.

D’après le texte, les emballages plastiques non biodégradables ne seront plus autorisés sur le marché dès le 25 avril 2014. A cette date, le gouvernement a annoncé une phase répressive contre les producteurs et les utilisateurs qui ne se serraient pas arrimés à la nouvelle donne, celle des emballages plastiques biodégradables.
Des cadres de concertation se sont multipliés dès lors entre le gouvernement et les producteurs d’emballages plastiques, même si le consommateur, dernier maillon de la chaine, n’était pas toujours invité, et donc pas suffisamment sensibilisé sur ce qui allait changer. A trois jours de l’entrée en vigueur de la mesure gouvernementale, des opérateurs de la filière plastiques ont fait une sortie pour déclarer qu’ils n’étaient pas tous prêts.
Deux poids une mesure
Le 24 avril 2014, à 24 heures de la descente des équipes de la brigade de répression sur le terrain, le ministre de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded), Pierre Hele, produit un communiqué radio-presse marqué du seau « Urgent ». Dans le document administratif, le ministre ne parle plus d’interdiction d’emballages plastiques non biodégradables, mais plutôt d’interdiction d’ « emballages plastiques d’épaisseur inférieure ou égale à 60 microns ».

Le Minepded explique qu’à ce jour, les emballages plastiques biodégradables ne sont pas fabriqués au Cameroun. « Il y a des opérateurs économiques qui fabriquent plutôt des emballages plastiques oxo-biodégradables qui sont des plastiques fragmentables et non biodégradables. Ces plastiques sont tout aussi, sinon plus dangereuse que les plastiques ordinaires», explique t-il.

Les producteurs de la filière plastiques sont furieux. Ils disent ne pas comprendre ce revirement de dernière minute. Certains d’entre eux ont déjà passé la commande de plusieurs kilogrammes d’additifs, afin de produire des emballages plastiques biodégradables. «Il y a du flou dans cette reforme. Nous n’avons pas été suffisamment sensibilisés. Nos clients se sont rétractés. Un kilogramme d’additif coûte entre 12 000 et 15 000 F. Cfa (environ 23 Euros). A voir la nouvelle posture du Gouvernement, nous en n’avons plus besoin. Imaginez quelle perte financière conçoit celui qui a passé une commande de 500 Kilogrammes d’additifs », se plaint un responsable de la société Batoula, basée dans l’arrondissement de Douala 4ème.

10 000 emplois menacés

A Ok Plast, une société de fabrication d’emballages plastiques, on indique que la production est à l’arrêt depuis un mois. Plus de 36 conteneurs de matières premières sont stockés au Port. Les employés de la section « Emballages plastiques » ont été tous envoyés en congé technique. La société que dirigent des expatriés libanais emploie près de 700 employés et temporaires et produit environ 100 tonnes d’emballages plastiques par semaine, a-t-on appris du service commercial de l’entreprise.

« Nous avons mis l’usine à l’arrêt, le temps de voir plus clair dans cette mesure ministérielle », a indiqué un responsable d’Ok Plast.

Lors de la descente de la brigade de répression, du plastique a été saisi dans cette société. Des spécialistes de la plasturgie relèvent que la filière plastique emploie près de 10 000 personnes au Cameroun. 10 000 emplois sont donc ainsi menacés de disparition.
En somme, le Gouvernement a passé deux ans pour l’application de la mesure visant la production des emballages plastiques biodégradables au Cameroun. Et il n’en est toujours rien aujourd’hui. On semble encore bien éloigné de cette réalité, salvatrice pour l’environnement.

Des spécialistes pensent que le Gouvernement devrait plutôt insister sur le recyclage et accompagner les producteurs dans la transition de la production du plastique non biodégradable au plastique biodégradable. Toute chose qui pourrait passer par l’exonération des frais de Douanes des nouveaux équipements, ou la réduction des impôts pour une période déterminée.
A lire prochainement dans votre blog Biocamer :
«Pourquoi le plastique va coûter plus cher » et « La petite histoire du plastique au Cameroun »
La danse Bafia : On l’a retrouve dans la région du Centre, département du Mbam. Se dit d’une danse où l’on avance d’un pas en avant et on recule ensuite de deux pas.
Mathias Mouendé Ngamo

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