Réunis en Ethiopie à l’occasion du pré Sommet Africain sur le Climat, les hommes de médias ont été interpellés sur l’urgence de s’engager afin de changer le narratif, décrypter la complexité du financement climatique et montrer les injustices.

Les conséquences des changements climatiques jusqu’ici les plus en vue tournent autour des inondations, des sécheresses extrêmes et de l’insécurité alimentaire. Mais les dégâts de cette crise planétaire vont bien au-delà et touchent à la paix et à la sécurité. Ce nexus climat-paix et sécurité qui n’est toujours pas pris en compte dans les agendas nationaux a pourtant des répercutions importantes : de nombreuses pertes en vies humaines, des déplacements massifs des populations, les épisodes de famine… Les journalistes, chiens de garde de la société, sont une fois de plus interpellés.

A Addis Abeba en Ethiopie les 06 et 07 septembre 2025, une quarantaine d’hommes de médias africains se sont réunis à la faveur du pré sommet africain sur le climat. Ce grand rendez-vous placé sous le thème « les médias catalyseurs de l’agenda africain sur le climat, la paix et la sécurité» a rappelé l’urgence pour les journalistes de s’engager afin de changer le narratif et militer pour la justice climatique. D’autant plus que les experts le martèlent, l’Afrique est responsable d’à peine 4% des émissions mondiales des gaz à effet de serre, mais subit le plus les conséquences du changement climatique.

Lire Aussi : Cameroun : Quand le changement climatique devient source de conflits

Décrypter et montrer les injustices

Pascal Delisle, @EUtoAU
Political section head

«Nous sommes appelés à décrypter la complexité du financement climatique et montrer les injustices de flux financiers insuffisants ou inéquitables. Mettre en lumière les pertes et dommages invisibles, souvent ignorés dans les négociations internationales», a soutenu Anthony Bellanger, le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (Fij).

Dans leur récit, les hommes de médias acquis à la cause du climat sont ainsi invités à donner la parole aux communautés les plus affectées, aux paysans déplacés, aux travailleurs en transition, à « ne laisser personne de côté ». Dans cet activisme climatique qui doit mettre en avant les notions de financement climatique, de transition juste et de sécurité climatique, la lutte contre la désinformation et les discours de haine est présentée comme primordiale pour garantir l’intégrité de l’information.  

« C’est dans cette convergence des pressions climatiques et des vulnérabilités sociales que les risques pour la paix et la sécurité deviennent les plus visibles. Lorsque les récoltes sont mauvaises ou que les sources d’eau s’assèchent, la concurrence pour les ressources s’intensifie. Lorsque des communautés sont déplacées, les tensions avec les populations d’accueil s’intensifient. Et lorsque les États sont surchargés, les organisations extrémistes exploitent les griefs pour recruter et s’implanter. C’est l’essence même du lien entre climat, paix et sécurité : la reconnaissance que le changement climatique agit comme un multiplicateur de risques, amplifiant les vulnérabilités et déstabilisant des contextes déjà fragiles »,

a martelé Dr Philip Attuquayefio, conseiller de l’Union africaine pour le climat, la paix et la sécurité.

Lire Aussi : Mathieu Teyomnou:«L’homme est le bourreau et la victime du réchauffement climatique»

Les journalistes comme médiateurs

Philip Attuquayefio explique que c’est précisément là que le journalisme devient indispensable. Grâce aux histoires racontées par les journalistes, aux vérités qu’ils révèlent et aux récits qu’ils élaborent que les sociétés peuvent donner un sens aux crises, mobiliser la volonté collective et tracer des voies vers la paix, relève le haut responsable de l’Union africaine. Il présente les journalistes comme des médiateurs entre le savoir et la société, entre les communautés et les décideurs politiques, entre les réalités vécues en Afrique et l’imaginaire mondial.

Ce pré sommet africain sur le climat est organisé par la commission des affaires politiques, Paix et Sécurité de l’Union africaine avec l’appui de la fédération africaine des journalistes (Faj), d’Oxfam et du Giz. Dans les discussions en panel, les journalistes ont plaidé pour une formation et une spécialisation, l’harmonisation des langages, entre autres.

Mathias Mouendé Ngamo, à Addis Abeba en Ethiopie

0 Comments

Leave a Comment