116 propriétaires de restaurants de Douala et Yaoundé s’engagent à ne pas servir de la viande de cette espèce animale protégée dans leurs assiettes.

C’est sans doute une avancée notable dans l’un des pans de la lutte pour la préservation du pangolin, cette espèce animale aux allures exotiques menacée d’extinction. 116 propriétaires de restaurants des villes de Douala et Yaoundé au Cameroun viennent de s’engager à ne pas ou ne plus servir de la viande de ce mammifère dans leurs assiettes. Ils rejoignent ainsi la campagne « Pas de pangolin dans mon assiette » lancée au mois de juillet 2024 par l’Ong WildAid.

Pour atteindre cette cible, les militants de la protection ont prospecté dans 190 restaurants servant de la viande de brousse et des plats traditionnels camerounais. D’après les statistiques enregistrés, 68 restaurants de cet échantillon servaient de la viande de pangolin. Parmi ces derniers, 25 d’entre eux, soit 37%, se sont engagés à ne plus en servir. Pour démontrer leur adhésion complète au projet, tous les 116 tenanciers d’espaces de restauration sensibilisés ont affiché les logos de cette campagne à l’extérieur de leur établissement. Ces affiches expliquent l’importance de préserver les pangolins.

« Si nous parvenons à convaincre les citadins camerounais de ne plus considérer les pangolins comme une source de nourriture mais plutôt comme un symbole de la riche faune et des forêts du pays, nous pourrons contribuer de manière significative à sauver les pangolins de l’extinction en Afrique, tout en promouvant une relation beaucoup plus saine avec la nature au Cameroun»,

a soutenu Jennifer Biffot, la représentante de WildAid pour l’Afrique francophone.

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Choisir les restaurants sans pangolin au menu

Krys M et Mimie, deux nouvelles ambassadrices qui rejoignent la campagne Pas de pangolin dans mon assiette de WildAid

Elle souligne que WildAid à son tour s’engage à faire la promotion de ces restaurants exempts de pangolin à travers ses réseaux sociaux et sur un site web spécialement créé pour l’occasion. Il est question dans la suite de ce projet, que des ambassadeurs et influenceurs de l’Ong rejoignent la campagne. Ils participeront activement à encourager les consommateurs à choisir des restaurants qui ne présentent pas de pangolin dans leur menu. L’idée à travers cette démarche, apprend-on, est d’inspirer d’autres à suivre cet exemple dans la communauté.

Au rang des ambassadeurs de WildAid pour la protection de la biodiversité et donc du pangolin, on retrouve des anciennes gloires du football camerounais comme Roger Milla, Patrick Mboma, Rigobert Song. Des artistes tels Locko,  Staney Enow. Mais aussi des chefs traditionnels. Deux ambassadrices de la ont également rejoint l’initiative. Il s’agit des artistes musiciennes Mimie et Krys M. Elle ont marqué leur engagement à donner de leur voix  pour dénoncer ces pratiques illégales lors de la réception officielle de leurs attributs le 17 octobre 2024 à Yaoundé, au cours d’une conférence de presse organisée par l’Ong Wildaid.

Lire Aussi : Au Cameroun, un ingénieur des eaux et forêts à la barre pour trafic d’ivoire

Le pangolin, gardien de la forêt

«L’un des objectifs de notre programme est de transformer la relation du Cameroun avec les pangolins et d’autres espèces, en les reliant à la nécessité plus large de protéger les forêts du pays et les animaux qui y vivent. Les pangolins sont nos principaux ambassadeurs animaux», a déclaré Jennifer Biffot.

Le pangolin se présente aujourd’hui comme le mammifère le plus braconné au monde. Il est traqué davantage pour ses écailles vendues dans un marché illicite à destination de l’Asie. Le “juteux” trafic de cette espèce protégée, gardien de la forêt, profite aux contrebandiers et leurs complices. Essentiellement constituées de kératine, les écailles de pangolin auxquelles on attribue aussi des propriétés magiques sont davantage utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise et la cosmétique. Même si aucune étude scientifique n’a prouvé ces vertus traditionnelles.

Le pangolin est aussi traqué pour la consommation de sa chair. En Afrique centrale chaque année, c’est plus de 2,7 millions de pangolins qui sont tués chaque année. Pourtant, de par leur alimentation, les pangolins contribuent à la survie des forêts. Un pangolin consomme 200 000 fourmis et termites par jour. Donc, 70 millions de fourmis et termites par an. D’après les conservateurs, si on perd ces pangolins, on risque d’avoir une surpopulation de fourmis et termites et des dégâts qu’on ne pourra pas maîtriser.

Lire Aussi : Afrique Centrale : le trafic de pangolin génère près de 419 milliards de F Cfa par an

La loi protège le pangolin

Jennifer Biffot, représentante de WildAid pour l’Afrique francophone

Pour la loi camerounaise, il est illégal de tuer, capturer, détenir ou commercialiser des pangolins. Les trois espèces présentes dans le pays à savoir le pangolin à ventre blanc, le pangolin à ventre noir et le pangolin géant, bénéficient de la protection de catégorie A pour les espèces menacées. Une nouvelle loi sur les forêts et la faune, adoptée par le Parlement et signée par le Président Paul Biya en juillet 2024, a considérablement renforcé les sanctions pour la capture ou le meurtre d’espèces protégées, entraînant des peines d’emprisonnement allant de 15 à 20 ans, ou des amendes variant entre 20 et 50 millions de francs CFA (34 000 à 84 000 dollars), voire les deux.

« Cela symbolise l’engagement du Cameroun à préserver et à conserver les espèces emblématiques au bénéfice de la biodiversité et des générations futures », a déclaré Elias Georges Messina, le chef de l’unité des affaires juridiques du ministère des Forêts et de la Faune.

Mathias Mouendé Ngamo

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