Un jeune camerounais âgé de 35 ans réalise des tableaux à base des feuilles et des fibres prélevées dans la nature.

Le climat est doux ce dimanche matin. Les chants des oiseaux égaient l’atmosphère et rythment les pas de Jean-Jacques Ebolo. Le jeune camerounais âgé de 35 ans, couteau à la main, pénètre dans une petite broussaille à Logbaba, un quartier périphérique de la ville de Douala, capitale économique du Cameroun. Comme à l’accoutumée, il s’arrête devant des troncs de bananier pour détacher des feuilles mortes et des feuilles fraîches de l’arbre. Les feuilles ainsi prélevées avec le plus grand soin serviront à la réalisation des toiles, apprend-on. « Quand je suis en brousse, je cherche des feuilles de bananier qui ont des tons spécifiques pour ressortir des contrastes», précise Jean-Jacques. L’artiste racle la face interne des fibres fraiches et sèches, tout en conservant les feuilles souples, mais un peu rigides. Les feuilles traitées sont rangées dans un coin sec, à l’abri du soleil.

Jean-Jacques Ebolo se sert ensuite d’un crayon pour réaliser des dessins sur une feuille de papier. Il découpe les différentes images qu’il va disposer sur les tableaux faits à base de feuilles de bananiers préalablement traitées. Dans son travail, le jeune artiste utilise de la colle, un pinceau et d’autres accessoires pour meubler les toiles. On y retrouve notamment des noix de palmiste, de la mousse végétale, des feuilles de macabo, des épluchures de maïs, des fibres de raphia.

La plupart des tableaux reflètent des couleurs chaudes. Les toiles qui retiennent l’attention des curieux sont porteuses de messages en rapport avec l’amour, la solidarité et la vie en communauté. La représentation de la nature occupe une place de choix dans les œuvres de l’artiste.

« Je représente beaucoup la nature parce que je pense qu’il faut se ressourcer tout le temps pour affronter les différentes situations de la vie. La nature demande aussi beaucoup d’observations. Lorsqu’on comprend la nature, on comprend l’homme », explique l’artiste.

Jean-Jacques Ebolo n’est pas encore connu du grand public, mais il dispose déjà d’une quarantaine de tableaux dans son petit atelier à Douala. Sa passion pour les métiers de l’art a commencé depuis sa tendre enfance. En classe de Ce2, il reproduisait déjà des dessins du journal satirique Le Popoli. En 2005, il est étudiant en 2ème année à l’université de Douala.

Il découvre un proche qui réalise des toiles à base des feuilles de bananier et décide de se mettre à son école. Il l’accompagne pendant deux semaines dans la réalisation d’une commande du ministère de l’Agriculture. Mais à la fin du marché, son ténor refuse de lui tenir la main. Le jeune se débrouille par lui-même pour trouver sa voie. Aujourd’hui, il assure que certaines de ses toiles ont une durée de vie de dix ans. Il indique aussi qu’il a reçu une première grande commande en 2010 lors d’un festival. Il lui avait été demandé de réaliser 190 invitations à base de feuilles de bananier.

Mathias Mouendé Ngamo

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