Les opérateurs du marché domestique éprouvent des difficultés pour accéder à une ressource de qualité et à quantité suffisante.
Selon une étude réalisée par le Centre de recherche forestière international (Cifor) en 2011, le marché domestique du bois au Cameroun est faiblement structuré et évolue principalement dans l’informel. Il est alimenté à environ 75% par du bois de source illégale. L’étude relève en outre que moins de 30% de la possibilité annuelle des forêts est effectivement exploité. D’après Patrice Kamkuimo, un consultant spécialisé sur les questions de gestion forestière, la région de l’Est du Cameroun est au cœur de cette problématique avec un volume d’approvisionnement illégal du marché domestique estimé à plus de 90% en 2014. Les acteurs opérant dans la filière bois sont ainsi confrontés à plusieurs difficultés liées à l’accessibilité d’une ressource de qualité et à quantité importante.
« L’essentiel du bois est destiné à l’exportation. Le marché extérieur est plus payant. Il devient difficile pour nous de se ravitailler. Au Cameroun, nous avons du bois de bonne qualité, mais il quitte de la forêt en grume et subit une première transformation. Il est ensuite exporté, et c’est parfois les déchets qui sont mis à notre disposition dans les dépôts », déplore Marcel Kemogne.
Cet artisan qui fait partie des acteurs de la seconde transformation du bois indique qu’il est courant de retrouver du bois illégal ou du bois pas mûr dans les dépôts. Les conséquences sont bien visibles sur les œuvres à réaliser: des fissures, des rétrécissements, des torsions, cite Marcel Kamogne. Un autre artisan fait état des difficultés à éprouver pour rassembler la quantité de bois nécessaire, lorsqu’il obtient une commande de 200 portes à fabriquer.
Aussi, les artisans subissent très souvent des tracasseries de la part des agents de l’administration forestière.
« Nous ne maitrisons pas la loi. Seuls les agents de l’administration la connaissent, et nous n’avons pas le moindre argument face aux agents des forêts », déplore Pamphile Ntanga.
Bois illégal
Le secrétaire général adjoint de la Fédération camerounaise des associations et des professionnels de la seconde transformation du bois (Fécaprobois), qui propose une collaboration avec les détenteurs de la ressource et l’administration, reconnait que moins de 10% des entreprises de son réseau professionnel sont en conformité avec le Ministère de la Forêt et de la Faune (Minfof).
« Ils n’y sont pas enregistrés en qualité de transformateurs de bois. Il faut se conformer à la réglementation. Les artisans ont besoin d’être édifiés», affirme –t-il.
Pour limiter les ennuis avec l’administration fiscale, la Fecaprobois a opté pour l’organisation d’ateliers de sensibilisation et de formation des opérateurs de la seconde transformation et commercialisation du bois. Les sessions tenues à Ebolowa, Bertoua, Yaoundé et Douala ont mis un accent sur les aspects légaux, les procédures des Apv-Flegt notamment. Ces ateliers, à en croire Pamphile Ntanga, permettront d’éviter les conséquences de l’utilisation du bois illégal qui vont de la saisie du bois et des équipements, au paiement des amendes énormes de 5000 à plus de 10 millions F. Cfa, et une peine de 20 jours à trois ans d’emprisonnement ferme.
Mathias Mouendé Ngamo