L’initiative du Youth Sounding Board qui mobilise des jeunes pour planter des arbres dans cinq régions du pays a débuté à Douala samedi 25 mai 2024.

Le dos courbé, on aperçoit à peine son petit visage rond orienté vers le sol. De ses petites mains, Kloé, 3 ans, dépose délicatement le plant d’hibiscus dans le trou aménagé. Elle ramène ensuite de la terre autour et n’oublie pas d’y mettre une poignée de compost. L’écolo en herbe peut enfin souffler. Elle n’a peut-être pas pleinement conscience de toute la portée de l’acte qu’elle vient d’accomplir, mais le sourire et les traits de son visage témoignent du plaisir qu’elle en tire. Kloé fait ainsi partie de la vingtaine de jeunes volontaires, élèves et étudiants pour la plupart, qui participent ce samedi 25 mai 2024 à une initiative de plantation d’arbre près du district de santé de Boko, dans l’arrondissement de Douala 3ème au Cameroun.

Les jeunes s’y sont donné rendez-vous ce matin pour œuvrer à leur manière à lutter contre les pics de chaleur enregistré ces derniers mois et les effets du changement climatique. La plantation d’arbre se présente comme une solution. Mais avant de s’y lancer, il faut s‘édifier sur l’art du planting. Une technique qui obéit à certaines règles. Une fois le trou creusé, il faut enlever le plastique biodégradable qui contient le jeune plant. Si le trou semble plus profond, il convient d’y ramener un peu de terre à l’intérieur avant d’y placer le plant, pour éviter qu’il soit recouvert par la terre, apprend-on.

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Comment planter un arbre

«On dépose la plante au milieu. La première terre qui touche les racines de la plante c’est ce qu’on appelle la terre arabe. C’est cette terre creusée dans le trou qu’on racle et on reverse. Ce sont des terres riches. Avant de couvrir entièrement, on y dépose sur le côté une poignée de compost », fait savoir l’instructeur du jour, un membre de l’Association des promoteurs de Formations sanitaires de Boko. Il rappelle au passage que les arbres fruitiers doivent être espacés de 8 mètres.

Une fois les consignes reçues, les jeunes du club Environnement du lycée de Ndoghem et les membres de l’Association des écologistes sans frontière nouvelle planète se mettent à l’œuvre. Ici, on transporte des jeunes plants de safoutiers, de manguiers ou de corossoliers. Là-bas, on met en terre des jeunes plants de fleur d’hibiscus ou d’ixora écarlate. Plus loin, on s’assure que les consignes ont été respectées sur les arbres déjà plantés.

Près de cent arbres et une vingtaine de fleurs au total sont ainsi portés en terre ce samedi à Douala. L’initiative du Youth Sounding Board (un programme jeunesse de l’Union européenne) ainsi implémenté vise à planter à terme un peu plus de 500 arbres à travers cinq régions du Cameroun entre fin mai et début juin 2024. Une activité qui s’inscrit dans le cadre de la journée mondiale de l’environnement célébrée tous les 5 juin.

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La désertification avance

«Nous avons atteint des pics de chaleur. Nous sommes au mois de mai, mais il fait chaud comme si nous étions au mois de janvier ou de février. La situation climatique globale et au niveau du Cameroun est alarmante. Douala est au bord de la mer. La mer est en recul par rapport à la terre et puis la désertification avance. L’arbre se présente comme une solution à tout cela. L’arbre permet de nettoyer l’environnement, de purifier le sol, de capter le carbone, de purifier l’air que nous respirons. Et surtout, de retenir l’eau des pluies afin de nous les reverser de manière plus structurée et d’en retenir aussi pour alimenter la nappe phréatique », explique Asiah Stephie Mbou.

Ce membre du Youth Sounding Board estime que si les jeunes apprennent à planter des arbres aujourd’hui, ils vont pouvoir les protéger demain et en planter davantage. Pour elle, l’amour de la terre doit être inculqué très tôt aux tout-petits qui hériteront de la planète demain. C’est d’ailleurs la principale motivation qui anime les jeunes élèves mobilisés pour l’activité. Ils ont en outre pour mission de sensibiliser leurs camarades.

«Nous plantons les arbres pour remplacer ceux qui ont déjà été coupés. Quand on coupe les arbres, on les perd et la chaleur devient insupportable. Quand on plante les arbres, c’est pour éviter la dégradation des terres et éviter que la génération future n’ait pas à subir les effets du réchauffement climatique. Cela permet un bon climat et favorise une meilleure vie dans notre ville », témoigne Abdouraman Sah, un jeune étudiant.

Selon la Convention des Nations Unis sur la lutte contre la désertification (CNULCD) ratifiée par le Cameroun le 29 mai 1997, jusqu’à 40% des terres de la planète sont dégradées. Toute chose qui affecte directement 50% de la population mondiale et menace près de la moitié du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial estimé à quelques 44 milliards de dollars. Aussi, la CNULCD relève que le nombre et la durée des sècheresses ont connu une augmentation de 29% depuis l’année 2000. “Sans une action urgente, les sécheresses pourraient toucher plus de trois quarts de la population mondiale d’ici à 2050″, relève pour le déplorer l’institution internationale.

Mathias Mouendé Ngamo

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