Ces jeunes issus de dix pays africains ont réaffirmé leur engagement à poursuivre la lutte pour une vie en harmonie avec la nature.
L’indice Planète vivante 2020 montre un déclin moyen de 68% des populations d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons depuis 1970. Les activités humaines détruisent de plus en plus les forêts, les zones humides et d’autres écosystèmes menaçant le bien-être de l’homme.
L’Afrique qui jouit d’une riche biodiversité est la seule région sur terre abritant encore de grands mammifères. Mais les statistiques du Living Planet report 2020 indiquent que le continent noir a vu ses richesses naturelles baisser en moyenne de 65% entre 1970 et 2016. Pour Marco Lambertini, le directeur général du WWF international,
« Il est temps de répondre au SOS de la nature. Non seulement pour assurer l’avenir des tigres, des rhinocéros, des baleines, des abeilles, des arbres et de toute l’étonnante diversité de vie que nous aimons et avons le devoir moral de coexister, mais parce que l’ignorer met aussi la santé, le bien-être et la prospérité, et donc l’avenir de près de 8 milliards de personnes en jeu ».
Pour le WWF il y a encore une chance pour les hommes de changer la donne. Il est temps pour le monde de convenir d’un New Deal For Nature and People en s’engageant à arrêter et inverser la perte de la nature d’ici la fin de cette décennie et à construire une économie et une société neutres en carbone et positives pour la nature.
COP Chez Nous
C’est dans cette optique que l’Association Jeunesse Verte du Cameroun (Ajvc) qui assure le secrétariat technique du Réseau des Jeunes leaders pour la gestion durable des Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale (Rejefac) a organisé du 24 au 26 novembre 2020 le webinaire COP Chez Nous (#COPChezNous).
Cette édition placée sous le thème « Les jeunes engagés pour vivre en harmonie avec la Nature » a réuni plus de 300 jeunes en ligne. Des participants issus de dix pays membres de la Comifac à savoir: Cameroun, Gabon, Rca, Burundi, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Congo, Rdc, Tchad et Guinée équatoriale.
D’après Alvine Kan de l’Ajvc, « L’objectif de la COP Chez Nous est de parler de la campagne New Deal For Nature. De donner la possibilité aux jeunes de parler des défis auxquels ils font face ». Ainsi, ces nombreux jeunes qui n’ont pas la possibilité de prendre part aux assises internationales ont une opportunité de participer au débat et formuler des propositions.
« On veut être une masse critique de la jeunesse présente dans ces instances. Le rôle de la jeunesse est de plus en plus pris en compte dans les instances. On attend de nous des projets forts, ambitieux »,
relève Aline Kan.
Liliane Carine Momdjo du Rejefac Cameroun-Est pense pour sa part qu’il faut préparer les jeunes à faire face aux défis actuels, notamment la conservation de la biodiversité et le changement climatique. Une idée qu’épouse Guy Simo, le vice-président de African World Fund (AWF), qui argue qu’il est impératif de mettre en place les nouveaux fondements d’une biodiversité africaine qui tient en compte la résilience, l’environnement et l’économie.
« Que la jeunesse écrive le testament qu’elle voudrait qu’on lui laisse. Nous ne voulons pas vous laisser une planète détériorée. ça demande que vous nous adressez une feuille de route pour que nous vous laissons une planète semblable à celle que nous avons héritée »,
a -t-il suggéré.
Conserver la biodiversité
Plusieurs actions ont en effet déjà été entreprises à travers les différentes antennes du Rejefac en Afrique dans le sens de la conservation de la biodiversité. C’est ainsi qu’une étude sur l’impact écologique des activités des pêcheurs sur la mangrove a été menée au Gabon. Le Rejefac Cameroun- Est a formé des jeunes en agriculture pour réduire la pression sur la biodiversité liée au braconnage et offrir d’autres activités génératrices de revenus aux jeunes.
Aussi, malgré la crise sécuritaire actuelle dans sa zone de compétence, le Rejefac Cameroun Nord-Ouest mène de nombreuses activités en lien avec la conservation de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques.
En Guinée équatoriale, les jeunes du Rejefac ont procédé au nettoyage des rivières et sensibilisé sur l’importance de prendre soin de la biodiversité pour le bien-être et sur la gestion des déchets dans les centres éducatifs. Des activités qui concourent à la sauvegarde de la nature et de l’espèce humaine.
« La gestion de la biodiversité doit être durable, prudente et efficace pour la survie de l’humanité et la participation des personnes vulnérables comme les jeunes doit être effective »,
martèle Monique Yimbedeck du Réseau femmes africaines pour le développement durable en Afrique centrale (Refadd).
Lors des travaux, les jeunes du webinaire COP Chez Nous ont cependant relevé des difficultés qui freinent leur mission de conservation de la biodiversité. Il s’agit entre autres du manque de financements et des aléas liés à la pandémie du Covid-19.
Mathias Mouendé Ngamo