Le directeur de la conservation de WWF Cameroun dresse un état des lieux de la situation et parle du rôle attendu de la société civile.

Pourquoi parler d’urgence de conservation de la biodiversité aujourd’hui. Quelle est l’ampleur de la situation ?

Il faut savoir que nous sommes en 2021 et on a noté qu’il y a une perte énorme de la biodiversité qui se caractérise actuellement dans le monde entier. On a des indicateurs clairs. Entre 1970 et maintenant, on a perdu 68% des espèces. Quand on fait une extrapolation, quand on voit les tendances, si en 40 années on a perdu 68%, d’ici dix ou vingt ans on a aura perdu à la limite la totalité de la biodiversité que nous avons sur la terre. C’est pourquoi il est urgent, et dès maintenant, de commencer à agir. Donc c’est vraiment un cri d’alarme qu’on est en train de pousser à cet instant. 2020 est une année charnière parce qu’on espère engager des processus qui vont permettre de courber la tendance qui se développe actuellement jusqu’en 2030.

Que faire pour réduire cette érosion de la biodiversité ?

Il y a plusieurs choses à faire. Il faut d’abord connaitre les potentiels que nous avons dans les pays et connaitre les menaces qui pèsent sur cette biodiversité. Actuellement, le WWF conduit une étude pour déterminer les deux grands secteurs de l’économie camerounaise qui impactent le plus la biodiversité. Ça peut être l’agriculture, les travaux publics, les mines… Il s’agira ensuite d’engager un dialogue avec ces deux sectoriels pour pouvoir leur dire de réduire ou de faire autrement l’exploitation que nous faisons de nos ressources naturelles.

Qu’attendre aujourd’hui des organisations de la société civile ?

Les organisations de la société civile sont un acteur important de tout le processus. La société civile a l’avantage d’être directement en contact avec les communautés locales. Elle a l’avantage qu’elle peut être indépendante. Elle va aider à construire les coalisions qui vont attirer l’attention des grands décideurs à la fois au niveau politique, au niveau économique, le secteur privé, pour que les gens changent la manière de faire. Nous voyons par exemple en agriculture, il y a  le concept d’agriculture verte qui est en train d’être développé. C’est-à-dire qu’on doit faire une agriculture qui n’impacte pas les forêts primaires au niveau du Cameroun. C’est le ‘’Deforestation Free Agriculture’’, qu’on peut faire sur le cacao. Ce sont des concepts qu’on doit apprendre à discuter avec les communautés, mais aussi avec le secteur privé en leur disant qu’on peut faire autrement.

On peut produire du palmier à huile sans être obligé d’aller couper la forêt, en travaillant sur des espaces qui sont dégradés. C’est une série de concepts qu’on doit adopter, un mode de vie qu’on doit changer pour essayer de préserver la biodiversité. Nous avons donc besoin de toutes ces organisations de la société civile qui vont faire le plaidoyer et aller former les communautés et ces gens qui sont restés au villages sur l’importance de la biodiversité et pourquoi la préserver.  

Quelles sont les obstacles à cette lutte pour la conservation?

Tous les mécanismes ne sont pas mis en place pour qu’on ait une gouvernance de la biodiversité sure à 100%. Il y a un gros problème d’adhésion. Il faut que cette adhésion se traduise dans les politiques. Il faut à tout prix que si on a les différents sectoriels et qu’on a identifié quels impacts sur la biodiversité, il faut que les plans de mitigation de ces impacts soient réellement introduits dans les différentes politiques sectorielles. Que ce ne soit pas seulement un vœu pieu.

Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo

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