Le polytechnicien et expert industriel analyse le plan de construction du deuxième pont sur le Wouri à Douala, et relève que le nouvel ouvrage ne respecte pas la norme internationale.

Comment va se présenter le deuxième pont sur le Wouri ?

On a fait des études de faisabilité de ce deuxième pont depuis 1982. Mais mieux vaut tard que jamais. Le pont devait être construit en amont, par rapport à la position de l’actuel pont, et sur une longueur de 1850 mètres. La position du pont a été modifiée l’an passé. On a préféré la solution en aval, pour une longueur comprise entre 800 et 850 mètres. La norme internationale exige qu’on fasse un nouvel ouvrage en amont pour que si le vieil ouvrage se renverse, qu’il n’affecte pas le second. Je me dis que c’est peut-être pour prendre des mesures préventives qu’ils ont prévu un espacement de 20 mètres entre les deux ouvrages. D’après la maquette, le pont aura cinq voies, dont deux voies ferroviaires un peu élevées, pour éviter que les voitures quittent d’une voie routière à l’autre. Deux des voies routières seront empruntées par les automobilistes en provenance de Bonabéri, et l’autre voie par les automobilistes en provenance du rond point Deïdo. Des parkings sont prévus en bas du pont, sur la partie continentale. Le pont sera un peu plus en hauteur que l’ancien. L’ancien pont sera utilisé par les véhicules à deux-roues et les piétons.

Le changement de la position initiale du nouveau pont ne pose-t-il aucun problème ?

Il y a deux méthodes de construction de pont. La vieille méthode consiste à battre des pieux sur 45 mètres de profondeur. Mais cette méthode occasionne des vibrations  de l’eau et de la terre qui risquent d’influer sur le premier ouvrage. Si on utilise la méthode par forage pétrolier, c’est moins risquant. Il faut aussi baliser l’ancien pont de telle façon que les usagers ne voient pas les travaux. Ca peut créer l’embouteillage.

Y a-t-il des garanties que les travaux soient livrés dans les délais de 44 mois annoncés ?

Image

Une vue de la maquette du deuxième pont sur le Wouri, actuellement en chantier.
Crédit photo: @Mouenthias

On ne doit pas être surpris que le chantier dure même 48 mois. Dans les œuvres grandioses, il faut prévoir des imprévus. Il peut arriver que pendant le forage on tombe sur un rocher. Les travaux vont connaitre un retard dans ce cas là. Il peut aussi arriver que le paiement ne suive pas, et l’entrepreneur a du retard dans l’achat des matériaux.

Le nouveau pont va-t-il véritablement désengorger le trafic ?

Le trafic sera désengorgé après l’ouverture de la pénétrante Ouest. Ils ont dit que les financements étaient bloqués. Pour ces autres travaux, il faudra donc lancer un appel d’offre et entreprendre des procédures pour les déguerpissements des populations de Bonassama jusqu’au lieu-dit Echangeur à Bonabéri. Les embouteillages vont certes augmenter pendant la période des travaux. Les engins du chantier vont circuler sur le vieux pont, mais de préférence dans la nuit. Autrefois, on utilisait la Base Elf comme voie de contournement, mais on a terrassé les arbres là-bas, et on a barré la zone.

Propos recueillis par Mathias Mouendé Ngamo

Tags: , , , , , , , , , , ,

Related Article

0 Comments

Leave a Comment