Quelque soit le système d’approvisionnement, la qualité de l’eau reste un peu douteuse. L’état des lieux, la provenance et le conditionnement de l’eau inquiètent. Le secteur des eaux dites minérales naturelles secoué par la concurrence ne rassure pas non plus.

KODAK Digital Still CameraPouvez-vous avaler une gorgée d’eau aujourd’hui à Douala ou à Yaoundé et dire avec certitude qu’il s’agit d’une eau potable ? Quelque soit le système d’approvisionnement (puits, bornes-fontaines, sources, robinet, eau en sachet, eau de source ou au minérale naturelle), la qualité d’eau reste un peu douteuse. L’état des lieux, la provenance et le conditionnement de ces multiples eaux inquiètent.

Commençons par les puits. Dans chaque quartier, vous allez souvent voir ces genres de mini-puits, creusés à 30 centimètres à peine de profondeur. Les enfants se courbent et ramassent de l’eau à l’aide d’une assiette pour remplir leurs seaux. L’eau ainsi recueillie est souvent utilisée pour la lessive, la vaisselle ou le bain. Sans commentaires.

Il y a aussi ces puits creusés à profondeur raisonnable, mais à mauvaise distance des latrines. Quand je me rappelle du principe des vases communicants appris à l’école primaire, je me méfie de cette eau.

«A Pk 19, chez un ami, il y a un puits. Il n’est pas situé à proximité des latrines et est creusé en profondeur. Mais il n’est pas couvert. Quand, il pleut, l’eau prend une coloration blanche », témoigne Dally, une habitante de Douala.

Je crois bien que ma maîtresse d’école primaire disait qu’une bonne eau potable est incolore.

Un goût bizarre

Quand on fuit les puits pour se retourner vers les forages, la situation n’est pas plus reluisante. Une habitante du quartier Ndogbong connait une mauvaise expérience dans sa mini-cité. « L’eau est claire, mais des grains de terre noire reposent au fond du seau. L’eau a un goût bizarre dans la bouche. Une voisine filtre cette eau pour la boire. Le reste des habitants de la cité préfèrent aller se ravitailler au forage d’un hôtel voisin, où l’eau coule en permanence et est bien traitée ».

Et les bornes-fontaines alors ? Je ne sais pas pour vous, mais elles n’existent plus que dans mes souvenirs. Y en a –t-il qui fonctionnent encore quelque part ? Si c’est le cas dans votre quartier, je reste en attente de vos témoignages sur la qualité de l’eau. Et l’eau ensachée qu’en pensez-vous?

Voilà alors une filière qui mérite toute l’attention des pouvoirs publics à mon avis. L’eau utilisée pourrait même provenir de l’intérieur des roches les plus pures et les plus saines, mais la manipulation du précieux liquide pour le conditionnement et l’état des lieux des « laboratoires » où s’opère ce conditionnement laisse à désirer. La contamination de l’eau est difficilement évitable dans ce cas. Je ne parle des bouts de plastique, des débris et autres « obstacles » qui nagent souvent dans le liquide.

Quelqu’un pour parler de l’eau du robinet ? Il ne faudrait pas que je passe pour un oiseau de mauvais augure hein. Mais j’ai tout de même remarqué que c’est toute une corvée chez nous. Soit les robinets sont à secs pendant plusieurs jours (et la facture vous est quand même délivrée), soit il faut se lever à 3 h du matin pour remplir tous les récipients avant la prochaine longue coupure. Et il arrive des fois, que la couleur de l’eau, le liquide sensé être incolore, inquiète.

Qui est minérale naturelle et qui ne l’est pas ?

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Il y a des Camerounais, -un peu nantis quand même il faut l’avouer-, qui ont pris la résolution de ne consommer que de l’eau minérale naturelle. Sont-ils sortis de l’auberge pour autant ? En 1983, il n’existait qu’une seule marque d’eau minérale naturelle, à savoir  « Source Tangui ». On ne s’en plaignait pas. Mais aujourd’hui avec la floraison des marques qui naissent comme des champignons est –t-on encore en mesure de distinguer les véritables eaux de minérales naturelles ?

Il y en a de tous les noms. Et chacun y va de son déploiement pour venter sa marque et pas la qualité de l’eau, à travers des sponsorings et la présence aux grands évènements. La concurrence est rude. Je parle du plan commercial hein. Du coup, les bouteilles sont remplies à fleur de pot. On peut même s’arroser juste en ôtant le bouchon sur une bouteille. Et les prix alors ? A côté d’une bouteille d’eau vendue à 400 F. Cfa, d’autres bouteilles d’eau vous sont proposées à 350 F., 250 F. Cfa.

Mais le moins cher est souvent cher. Un jour j’avais très soif. J’ai acheté une bouteille d’eau « minérale» dans une foire. La vendeuse m’a proposé la bouteille à 225 F. Cfa. Qui n’aime pas le moins cher ? Mais seulement, j’ai eu très mal au ventre quelques minutes après avoir consommé le tiers de la bouteille. Vous riez ? Que celui qui n’a jamais eu mal au ventre après avoir consommé une eau, même dite minérale naturelle, lève le doigt.

C’est après avoir visité deux fois (en 2016 et en 2018) l’usine de le Société minérale des eaux du Cameroun à Mombo (Semc) (qui produit les eaux minérales naturelles Tangui et Vitale) que j’ai beaucoup appris dans la classification des eaux de consommation : robinet, eau de source, eau minérale naturelle. J’ai également appris les caractéristiques d’une eau minérale naturelle. Bon je partage avec vous: Elle est d’origine exclusivement souterraine, née d’un parcours hydrologique à l’abri de toute pollution microbiologique. Elle est saine et naturellement pure. Elle est embouteillée ans qu’aucune intervention humaine ne vienne perturber a composition originelle.

A la source

J’ai surtout été édifié sur le circuit normal d’une eau minérale naturelle. Première découverte, la « Zone forage ». Ici, l’eau est captée à plus de 165 mètres dans le sol. Cette eau, d’après une datation au carbone 14, a plus 3700 ans. Elle est enrichie en minéraux. Cette zone bénéficie d’un triple périmètre de sécurité de plus de 6 hectares de diamètre, protégée de l’action de l’Homme afin d’assurer la pureté de la source de forage.

L’eau captée atterrit dans une première cuve de rétention, où on y injecte de l’ozone pour oxyder le fer et le magnésium. Le deuxième rôle de cet oxydant, apprend-on, est d’éliminer les microorganismes. L’eau est ensuite envoyée dans des filtres à sable pour retenir du sable. Le liquide passe ensuite dans le filtre à charbon pour retenir les odeurs et les colorations. L’eau est enfin envoyée au niveau des machines pour conditionnement.

Dans le hall d’embouteillage, plus de 16 000 bouteilles sont conditionnées par heure à la chaîne n°2. Dans ce compartiment de l’usine, les préformes sont soufflées pour obtenir des bouteilles plastiques qui sont remplies en eau et hermétiquement scellées. Les bouteilles passent à l’étiqueteuse, à la dateuse laser, la fardeleuse, où on fait des packs de six. Mais tout à côté de cette chaine de production, il y a un laboratoire où sont effectuées de nombreuses analyses. Il y a un contrôle physicochimique et un contrôle microbiologique, précise un ingénieur agroalimentaire, en service au labo. Au moins 100 analyses ont lieu chaque jour sur le site. Vous êtes surs que le procédé et les conditions-ci sont alors respectés par toutes les marques d’eau dites minérales naturelles qui bondent le marché ??? Il faut assainir tous les secteurs de l’eau au Cameroun!

Mathias Mouendé Ngamo

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Le Mobile au Kamer August 5, 2018 at 2:38 pm

Quid de Supermont et Opur?

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