Le business du recyclage du caoutchouc

De jeunes camerounais gagnent leur vie à Douala en fabriquant des pièces de rechange pour véhicules et autres gadgets à partir de pneus usés.

David Nkwété tient un couteau dans une main, un gros morceau de caoutchouc dans l’autre. Il vérifie que le couteau est bien limé, puis entaille le bout de caoutchouc qu’il vient de poser sur le banc, devant lui. Il s’arrête de temps à autre pour passer son coutelas à la lime. Puis, il reprend du service. Le travail du petit débrouillard est minutieux. Aucun geste ne semble inutile. Au bout de trois minutes, l’œuvre se dévoile. « C’est un boulon qui sert de bouchon de respiration pour le moteur d’une motocyclette », déclare le jeune homme. Il y ajoute du design sur les bordures du boulon. Cette pièce de rechange en caoutchouc sera utilisée pour remplacer une pièce originale, en métal.
ImageDavid Nkwété et d’autres « collègues » sont installés le long d’une rue non loin du lieu-dit « Texaco Ngodi », à Douala. Sur l’étal des commerçants de fortune, il y a tout d’un tas de bric et de broc. Des « cylinblocs », pour reprendre le terme exact employé en ces lieux. Il y a des cylinblocs pour roues de voiture, pour amortisseurs, demi-chassie, pose-pieds, bavette, etc… A l’aide de caoutchouc tiré de pneus usés, David et ses collègues parviennent à reproduire des pièces selon un modèle à eux présenté.

La clientèle se recrute chez les automobilistes, les mécaniciens et les vendeurs d’accessoires automobiles. Mais le business s’effectue plus en collaboration avec des mécaniciens. Ces derniers jouent une sorte d’intermédiaires entre leur client désireux, et les fabricants de pièces de rechange. « Il arrive même qu’on me passe la commande d’une pièce qui n’a rien à voir avec l’automobile. Je reproduis exactement ladite pièce, à partir d’un dessin, d’une description ou d’un modèle», détaille David.
Vieux pneus
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Pour la matière première, les petits commerçants se ravitaillent en pneus chez des particuliers, des conducteurs de camions, et dans certaines sociétés de la place, contre rémunération. « Il y a des entreprises de transport de marchandises qui se rendent constamment dans les pays voisins. Lorsque les responsables achètent de nouveaux pneus, ils nous bradent les anciens pneus que nous recyclons », expliquent t-ils.

Les roues qui contiennent du fil de fer ne sont pas recyclées. A cette matière première, il faut ajouter le matériel de travail de fortune constitué d’un couteau, une lime à main, un morceau de fer pour réaliser des trous dans le caoutchouc, un stylo à bille et un mètre. Le prix de chacune des réalisations est fixé selon la pièce et à la tête du client. La pièce la plus chère pour un accessoire de voiture coûte 1 000 F. Cfa.
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Comme difficultés, il arrive souvent que les recycleurs de caoutchouc se tranchent le doigt lorsque le couteau est trop tranchant. Par-dessus tout, il y a cette menace de déguerpissement de la Communauté urbaine de Douala (Cud) qui plane. Les agents de la Cud menacent de sévir, mais heureusement pour les petits commerçants, ils sont souvent réceptifs à leurs supplications.
Mathias Mouendé Ngamo


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